drogué normal

Je suis arrivé en avance. Je n’avais pas pensé qu’on était lundi. Le lundi, les magasins ouvrent plus tard que d’habitude. J’aurais dû m’en souvenir. Je me suis assis au pied de la fontaine, et j’ai attendu, sous le soleil, que la boutique ouvre. En tremblant. Un petit homme en savates est soudain apparu, sorti de nulle part. Il a tourné la clef, tiré le rideau de fer et allumé la lumière. En moi aussi la lumière fut. Je me suis levé, lentement, et j’ai traîné les pieds jusqu’au magasin. Ça sentait l’encens. Je me sentais revivre. D’une voix basse, j’ai réclamé ma dose. Ma dose de bondieuserie, pour trois jours au moins.

Soulagé de quelques centaines d’euros, j’ai quitté la boutique, puis la rue, pour me réfugier derrière le calvaire un peu plus loin où je me suis fait un putain de shoot, de ceux qui vous tiennent pendant cinq heures au moins. Plus rien ne pouvait m’arriver. J’avais ma dose. Dieu me rendait la vie plus belle quelques instants encore.

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