matricule

On me l’avait pourtant dit et redit qu’un jour ou l’autre, ça risquait de chauffer pour mon matricule. Etiqueté pour la vie, c’est sûr. Estampillé pur bœuf.

J’avais pourtant le sentiment du devoir accompli. Je tractais derrière moi l’espoir d’un peuple, je traçais mon sillon avec détermination, convaincu d’être l’élu. Pas besoin de carotte, pas besoin de bâton. J’avançais, serein, intouchable. Quelques écarts de conduite, certes, mais rien de bien méchant. Oui, je sais, qui viole un œuf… On me l’a déjà faite celle-là figurez-vous !

J’ai dit il n’y a pas longtemps : « Cette légèreté, je l’ai perdue ». Peut-être aurais-je dû dire : « Cette légèreté, elle m’a perdu ». Ç’eut été plus exact. De toute façon, là où je suis, la légèreté, elle pèse lourd. Et dire que je suis passé comme ça de la suite 2806 à la cellule 8148…

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