M. Patate

M. Patate et Spiderman sont devant la porte de leur bar préféré. Ils viennent de sortir. Ils tapent la discute. « On s’en rejette un petit dernier chez le tavernier, pour la route? On va quand même pas rester sur sept pattes », propose Spiderman. M. Patate refuse. «-Non môôsieur : madame m’attend.

-Boaaaaa ! Elle en a vu d’autre Madame Patate.

-Alors là, je t’arrête tout de suite ; avec Madame Patate, c’est fini depuis deux semaines et demi.

-Ah merde, interjette l’arachnéen, désolé, je savais pas.

-C’est pas grave; maintenant, tu le sauras. Je suis avec Barbie depuis ce week-end. Elle a fini par accepter de m’essayer. Mais j’ai pas encore gagné la guerre ; pas même une bataille ; alors, mollo les bistrots ! Je reprendrais mon activité principale dès que l’affaire sera dans le sac, façon de parler bien sûr. » Spiderman opine du chef, pas totalement convaincu et franchement dépité.

-Bon ben, je vais mettre la viande dans l’torchon alors. A la revoyure, et mes amitiés à ta nouvelle poupette.

M. Patate rejoint la voiture garée pas loin. A l’intérieur, côté passager, Barbie patiente ; elle se remaquille en écoutant Rire et chansons. Elle vient de refermer son catalogue.

«-T’en as mis du temps, ça fait au moins trois heures que j’attends.

-Rendez-vous d’affaire, éructe M. Patate dans une bise parfumée à l’ail.

-Deux heures de plus et je commençais à m’ennuyer, dodeline Barbie

-En route poupée de troupe  : la soirée est à nous, et on va pas s’gêner, lance-t-il en même temps que la voiture démarre », dans un souffle silencieux. Le jour tombe, M. Patate vient d’allumer ses phares. Sur la corniche, la voiture serpente. Barbie se remet du rouge à lèvre. M. Patate jette des coups d’œil réguliers dans ses rétroviseurs. On n’est jamais trop prudent. En plus, il déteste être suivi. Ça lui rappelle trop de mauvais souvenirs.

«-Tu vois chérie  : j’ai pas encore abusé de ton corps mais je me permets de te livrer ma théorie, rapport à mon expérience avec Madame Patate. La base du grand malentendu, de l’énorme malentendu, qui régit depuis toujours les relations hommes-femmes se résume en trois mots : LE-CON-PROMIS.

-Ouais, peut-être, tu trouves pas que le vent est frais?

-C’est pas peut-être, renchérit la pomme de terre. C’est un fait. » A l’arrière de la voiture, l’homme invisible, confortablement installé, soupire de nouveau.

«-Regarde ce pauvre Roméo, explique M. Patate d’un ton docte, bien décidé à convaincre sa belle. Sans ce fameux CON-PROMIS, il ne serait pas allé faire le mariole sous un balcon. Je sais plus où j’ai entendu ça, mais les anciens disaient toujours " CON PROMIS, CHOSE DUE". Sans ce précepte bouddhiste, Madame Patate ne serait jamais passée à la casserole, elle n’en aurait jamais eu marre de mes escapades nocturnes et tu ne serais pas là à côté de moi, à te repoudrer toutes les dix minutes. La nature est quand même bien faite non?

-Oui, mais le vent est frais pour un jeudi…»

M. Patate