à l'eau

Quand on n’était pas l’un près de l’autre, ou l’un sur l’autre, on s’appelait presque tous les jours. J’aimais composer de façon automatique les dix chiffres de son numéro sur le clavier de la cabine, à toute vitesse, sans faute de frappe.

Une centaine de kilomètres nous séparait. C’était beaucoup, alors qu’on n’avait que 36 ans à nous deux. Je regardais défiler les unités de ma carte téléphonique avec angoisse. Ça va couper, mais n’oublie pas que je t’aime. Tu me manques.

Et puis un jour, notre histoire d’amour a pris l’eau. J’ai senti mes chaussures devenir humides. Très vite, j’avais de l’eau jusqu’aux chevilles. Le froid m’a engourdi les jambes. C’était trop tard. Je ne pouvais plus avancer. J’avais été englouti par une autre belle histoire d’amour. Il ne me restait plus qu’à noyer mon chagrin, et à sécher… mes larmes. J’ai raccroché, lamentablement.

à l'eau